dimanche 14 février 2010

Ce que dit Claude Gaignebet des GOULES

Claude Gaignebet est un ethnologue bien vivant, très actif en ce qui concerne la mythologie française,Rabelais et mille autres sujets. Le rencontrer c'est rencontrer la passion de tisser des liens et une érudition infinie : j'ai eu la chance de faire cette rencontre, et c'est sans doute grâce à lui, que la béotienne que je suis, vous amuse avec des recherches improbables et bien au dessus de ses compétences. Mais il faut bien commencer !
Ce qui suit est un extrait d'un de ses ouvrages qui me semble se rapporter à notre sujet, les mises en majuscule ou en italique sont de l'auteur :
... Un seul détail nous retiendra pour l’instant, emprunté aux récits orientaux relatifs aux goules. Ces ogresses, qui vivent dans les déserts ou dans les bois, ont les seins si longs qu’elles les jettent sur les épaules pour courir plus vite. Cette particularité anatomique est empruntée à celle de la guenon des Bestiaires. Mais ce geste n’est pas aussi simple qu’il paraît. Dans les contes populaires, il permet au héros de s’approcher de la goule sans être vu, de la téter furtivement et d’en être ainsi adopté. Ce rite qui met le héros sous la protection de la femme de l’au-delà qui l’allaite, participe lui aussi du RETOURNEMENT en un double sens ; le héros doit SUPPLANTER le fils de l’ogresse et choisir le BON SEIN. Or dans certaines variantes, celle-ci, non seulement rejette ses seins derrière le dos, mais les CROISE. Le BON SEIN , celui qui contient du lait fort, celui de droite, est alors à gauche, ce que le héros sait. Il se développe bien plus vite que le petit goule, le terrasse et le tue…
GAIGNEBET Claude, A plus hault sens : l’ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais, volume 1, Maisonneuve et Larose 1986 Page 136

samedi 13 février 2010

Détail d'un marbre du Musée d'Anvers

Ce sont des clichés faits par Matthieu Gautier. Merci ! Il n'a pas pu m'en dire plus... mais peut-être certains d'entre vous pourraient nous donner le nom du sculpteur, le titre éventuel de la sculpture ? Peut-on considérer que c'est une charité romaine ? L'enfant y est présent et l'homme allaité semble bien entreprenant...

La piété filiale, sculpture d'Alfred Boucher, 1881


Au Musée Paul Dubois de Nogent-sur-Seine (10), trône cette sculpture dont une lectrice du blog a bien voulu m'envoyer une photo. Merci à Marianne-France Staub.
Il semble que cette oeuvre ait été primée au Salon de Paris en 1881.
Le musée de Nogent sur Seine a été créé par Alfred Boucher en 1905, en l'honneur de son maître, le sculpteur Paul Dubois. Vous avez dit piété filiale ?

lundi 8 février 2010

Extrait du roman de Anita Nair : "Un homme meilleur"

Anita Nair est une écrivaine indienne d'aujourd'hui. Elle écrit en anglais. Le roman "Un homme meilleur" est paru en 2000 sous le nom de "Better man". Il se passe en Inde du Sud à l'époque contemporaine.
Le passage qui nous intéresse est une toute petite partie du roman (3 pages sur 419, éditions Picquier 2003).
Je vais résumer ce passage en l'émaillant de citations

Bhasi, peintre en bâtiment et guérisseur-psychothérapeute, est appelé, en pleine nuit, au chevet d'une jeune femme dont le mari et l'enfant de 6 mois ont été fauchés par un camion quelques jours auparavant. Ce sont les frères de la jeune femme qui viennent le chercher.Dans le roman, Bhasi parle à la première personne comme s'il tentait de rappeler à la jeune femme, Dayamanti, ce qui s'était passé cette nuit là :
Le chagrin n'a rien de beau. Tu n'avais rien de beau à ce moment là, Damayanti.
Debout à te regarder, j'ai vu le lait tacher le tissu de ton corsage. J'ai vu ton corps chercher la bouche de ton enfant mort.
Vous avez vu ? a murmuré ta mère. Les deux premiers jours qui ont suivi l'accident, il nous a fallu lui retirer l'excès de lait à la main. Mais depuis hier, elle ne laisse plus personne la toucher.
La famille a tout essayé même le médecin... Alors Bhasi demande à rester seul avec la jeune femme et il lui parle
"Dayamanti, que puis-je faire pour alléger ce fardeau de douleur que tu portes ? Quels mots puis-je employer pour te consoler ? Je comprends ce que tu essayes de faire. Dayamanti, crois-tu que la douleur de ta poitrine pourra atténuer celle de ton âme ?"
Il lui parle pendant plus d'une heure, elle ne répond pas mais des larmes finissent par couler. Puis, à bout d'argument, il trouve l'audace de poser sa tête sur ses genoux, il dit alors :
Considère moi comme ton enfant, ai-je murmuré. Dis-toi que je suis une créature sans défense qui a besoin d'être nourrie. Laisse moi boire le chagrin qui s'est logé dans ta poitrine. Laisse moi dénouer ce poing dur comme un roc et permettre à ta peine de s'épancher. Sans un mot tu as attiré ma tête vers toi et tu m'as laissé m'abreuver à ta douleur. Les larmes qui coulaient sur tes joues ont mouillé les miennes. Dans ma bouche le goût du sel s'est mêlé à celui du lait...
Deux ans plus tard, je t'ai épousée.

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