jeudi 10 décembre 2009

A la une du Petit Bulletin la semaine dernière

Un dessin de Willem que le Petit Bulletin (édition grenobloise) est allé pêcher dans l'expo "Bêtes et méchants" qui a lieu jusqu'au 30 janvier aux moulins de Villancourt (Pont de Claix)
En fait c'est une partie de l'affiche que Willem avait dessinée pour annoncer le spectacle "Le retour de Miss Univers", tragédie graveleuse de Guénolé Azerthiopé par le Phénoménal Bazaar Illimited... Le spectacle avait lieu au Théatron, rue Frochot à Paris, métro Pigalle. Je n'en ai pas trouvé la date. Qui l'a vu ?
Si on regarde bien les hommes tètent avec les yeux. Ils se rincent l'oeil... avec du lait ?
Dans l'exposition du Moulin de Villancourt, où l'on retrouve, Cabu, Reiser, Cavanna, Wolinsky, etc. il est dit à propos du journal Hara Kiri dont le ler numéro est paru en septembre 1960 :
Hara Kiri enthousiasme une jeunesse qui étouffe sous la chappe de plomb d'une société podagre. On oublie trop souvent que ceux qui ont fait Mai-68 se sont nourris à ses généreuses mamelles.
Ce qui pour un journal intégralement fait par des "mecs" est un comble...

mardi 8 décembre 2009

Quand Ernest Pignon Ernest redessine Le Caravage

La sérigraphie, en partie lacérée, a été prélevée un jour de pluie, dans une rue de Naples en février 1991. Elle serait dans un grenier du Bugey, depuis.
Bien sûr, on reconnait un des motifs des 7 oeuvres de Miséricorde du Caravage dont j'ai déjà parlé et la "façon" de Ernest Pignon Ernest.
Quand je colle mes images sur un escalier de Paris ou un mur d'église napolitaine, il y a interaction entre mon image et l'espace-temps où je l'insère. L'image n'existe plus pour elle-même : le Caravage ne m'intéresse pas, il ne compte que par et pour Naples. Ernest Pignon-Ernest.
Dans cette "copie" (pour moi le mot n'est pas péjoratif) on voit bien que l'homme (grandeur nature) tète à travers les barreaux, ce que je n'avais pas vu sur les reproductions du tableau... Voici aussi une photo de "cette charité" in situ, telle que je l'ai copiée sur un très beau livre : Ernest Pignon Ernest aux editions BärtschiSalomon 2006. En attendant d'aller voir Le Caravage à... Naples ! Et de croiser la trace d'Ernest Pignon Ernest au coin d'une rue...

dimanche 1 novembre 2009

Mère en prison, Pline l'Ancien (23-79)

J'ai trouvé une traduction en ligne du livre 7, paragraphe 36 de L'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien qui donne ceci :
On trouve partout des exemples infinis de tendresse ; mais Rome en offre un auquel nul autre ne peut être comparé : une femme du peuple, dont la condition obscure nous a dérobé le nom, venait d'accoucher quand sa mère fut mise dans une prison pour y subir le supplice de la faim : elle obtint d'aller la voir ; mais, fouillée à chaque fois par le geôlier, de peur quelle n'apportât quelque aliment, on la surprit allaitant sa mère. Saisis d'admiration, les magistrats accordèrent le salut de la mère à la piété de la fille ; ils allouèrent des aliments à l'une et à l'autre leur vie durant ; et le lieu où la scène s'était passée fut consacré à la déesse Piété, à laquelle, sous le consulat de C. Quinctus et de Manius Acilius (an de Rome 604), un temple fut érigé sur l'emplacement de la prison : c'est là qu'est aujourd'hui le théâtre de Marcellus (VIII, 25).
Pline l'Ancien a vécu un peu après Valère Maxime qu'on pense être né à la fin du premier siècle avant Jésus Christ. Le texte de Valère Maxime (1er message de ce blog-ci) serait donc antérieur à celui de Pline.
Il semblerait aussi qu'à l'époque où Pline a écrit ce texte, l'allaitement maternel était sur le déclin dans les riches demeures impériales...

Version grecque du Moyen-Age Byzantin à traduire

Avis aux traducteurs : nous ne lisons pas le grec, alors nous ne savons même pas s'il s'agit bien de notre histoire... Une traduction serait la bienvenue. On peut cliquer sur le texte pour l'agrandir.
Ce petit texte a été trouvé dans l'introduction du Recueil de contes populaires grecs, traduits et choisis par Emile Legrand, à lire en ligne.

La fille qui allaite son père, conte populaire grec (Péloponèse)

Grâce à Philippe, un conteur chercheur de contes, j'ai découvert dans un ouvrage de 1881, mis en ligne intégralement, un conte dont j'avais signalé une version de Lesbos, un peu différente.
Lisez le en ligne dans la version numérisée intégrale du Recueil de contes, collectés par des ethnographe grecs, choisis et traduits par Emile Legrand. Pour le conte qui nous intéresse, il a été recueilli par Nicolas Politis.
En voici des extraits. J'ai résumé les évènements intercalaires en italique.
Un roi avait un frère père d'une fille magnifique. Ce roi soupçonne (à tord)son frère de vouloir le renverser et il le fait emprisonner dans un noir cachot. La fille demande à voir son père, le roi accepte
... Il enjoignit cependant à ses soldats de bien fouiller la jeune fille lorsqu’elle entrerait dans la prison, de peur qu’elle n’apportât du pain ou quelque autre nourriture à son père. Il leur ordonna aussi de pratiquer dans le mur du cachot un trou, par lequel le père et la fille puisse se parler.
La jeune fille, voyant qu’elle avait réussi à arracher son père à la mort, alla aussitôt au bain et se lava ; cela lui ayant donné du lait, elle se rendit auprès de son père dans sa prison. Par le trou, elle lui donna un de ses seins et lui dit de téter. Elle faisait ainsi chaque jour, et son père n’avait pas besoin d’autre nourriture.
Le roi la soupçonne de sorcellerie et lui interdit de voir son père. Désespérée elle rencontre un maréchal-ferrand en train de tirer du ventre d’une jument morte un poulain vivant. Elle lui achète un autre poulain né dans les mêmes conditions et la peau de la jument. Le poulain est beau, elle l’offre au roi avec la peau de la jument pour son lit . En échange elle peut aller voir son père… et quelques temps plus tard peut lui poser une énigme :
« Vous êtes assis sur une bête qui n’est pas née et vous couchez sur sa mère »
>Le roi ne comprend pas et veut une explication, la jeune fille répond alors :
« Je vous les expliquerai, ô mon roi, quand vous m’aurez donné mon enfant, l’enfant de ma mère ; et, lorsque vous me l’aurez donné, il deviendra mon père ; mais, si vous ne me le donnez pas, il sera de nouveau mon enfant »
Le roi, embarrassé lui dit de solliciter la faveur qu’elle voudrait, pourvu qu’elle lui explique ses paroles…Le roi fait sortir de prison le père. La fille raconte tout. Le roi est ravi…
Ils demeurèrent ainsi parfaitement, et nous mieux encore.

lundi 5 octobre 2009

Les fées et les nourices de Chorges (05)

En 1957, dans sa collecte de récits légendaires, dans les Hautes-Alpes, Charles Joisten a recueilli ces deux récits
Les fées et les lavandières (nourrices)
Au dessus du Pré aux Moines, il y a une "fontaine" (source) qui s'appelait La Fontaine des fées. Les fées poursuivaient les femmes qui venaient laver, en leur mordant les seins et trayaient (mousié) celles qui allaitaient.
Les fades couchaient dans les trous sous les rochers des combes. Elles taquinaient les femmes qui venaient laver au lavoir du Bourget en cherchant à les déshabiller, puis elles essayaient de leur sortir les seins pour les téter. Elles avaient un oeil unique qui était toujours ouvert.
Commentaire personnel (et qui n'engage que moi) : il semble que c'était un bon prétexte pour qu'un homme soit autorisé à surveiller les lavandières (qui de ma propre expérience n'aiment pas bien qu'on les espionne)
Sources : ÊTRES FANTASTIQUES, Patrimoine narratif des Hautes Alpes, Charles Joisten, édition préparée par Nicolas Abry et Alice Joisten, Musée Dauphinois 2006. Un ouvrage que je recommande à tous les amoureux du fantastique et (ou) des Hautes-Alpes.

mercredi 16 septembre 2009

Notre Dame de Bon Secours

Dans l'Eglise de la Trinité à Vendôme, il y a une chapelle :Dans la chapelle il y a un tableauLa ressemblance avec les Charités Romaines est troublante car si le prisonnier ne tète pas il porte néanmoins des chaînes... La jeune femme lui manifeste une certaine affection...

mardi 15 septembre 2009

Idole de conteuse

Et surtout, je collectionne les contes. Taraudée par la peur de manquer ils devinrent pour moi comme une fleur où je butinais année après année. J’y trouvais matière pour mon propre miel.
Je m’étais choisie pour idole une femme immense au corps criblé de tiroirs qui hante certaines toiles de Salvador Dali. C’est cette même géante sculptée d’or qui accueille les voyageurs dans le hall de la gare de Waterloo à Londres. Sur mon bureau trônait une carte postale fétiche, représentant une broderie d’Abomey : une femme-ogresse offrant ses dix seins à téter à dix hommes affamés. J’ai appris plus tard qu’un héros qui tète le sein d’une ogresse peut compter sur sa protection.
Extrait de La Sagesse de La Conteuse de Muriel Bloch, L’œil neuf 2008
Michèle m'a parlé du livre, Jacqueline me l'a prêté ! J'aimerais voir la broderie d'Abomey.

vendredi 11 septembre 2009

En Ukraine, les meuniers...

Une amie, grande spécialiste de littérature orale, me communique un bout de légende qu'elle a déniché au cours de ses lectures. Merci Alice !
Voici son message :
Je vous fais ce petit mot car je viens de lire dans Sébillot, Légendes et curiosités des métiers, Paris, Flammarion, s.d., au chapitre “Les meuniers”, le petit passage suivant : “En Ukraine, quand ils installent leur meule, [les meuniers] prononcent cette formule : ‘Taliarou, taliarou, la pierre perforée ; la fille nourrit son fils, le mari de sa mère' ; cette phrase fait allusion à la légende de la fille qui donna à téter à son père en prison.” (p. 18)
C'est évidemment peu de chose, et bien énigmatique. Sébillot donne comme référence (p. 32) : “Communication de M. T. Volkov (Ukraine”), ce qui ne nous mène pas loin.

Zelmira, opéra de Rossini

Liliane, promeneuse sur internet, me signale cet opéra qu'elle a vu cet été à Pessaro. Merci à elle.
Elle me dit que Zelmira allaite son père qui est caché dans un tombeau...
Le livret est de Tottola d'après une tragédie (française ?) de De Belloy.
Je ne connais pas grand chose à l'opéra mais voici ce que j'ai pu glaner sur le site d'un certain Lionel.
L'opéra a été créé le 16.12.1822 au Teatro San Carlo, Naples.
Résumé de l'action : A Lesbos, Antenore n'a pas hésité à aller jusqu'au crime pour parvenir au pouvoir. Encore lui faut il éliminer Zelmira, fille de l'ancien roi Polydoro donné pour mort. Seule Zelmira sait qu'il est encore en vie, elle connaît son refuge. Hélas ! Antenore les surprend et va les exécuter. Mais l'époux de Zelmira viendra les sauver à la tête de son armée.
Qui pourrait m'en dire plus sur la façon dont le motif de la charité (romaine ou grecque...) est mis en scène ? Ou sur le texte du livret, voir de la tragédie qui l'a inspiré ?

Le fidèle Jean, conte des frères Grimm

Voici un petit résumé de ce conte où ce qui sort du sein n'est pas du lait :

Le fidèle Jean, serviteur préféré d'un vieux roi a promis à celui-ci de veiller sur le fils du roi même au péril de sa vie... Et on peut dire que le fils du roi lui en fait voir de toutes les couleurs et se complait à faire tout ce dont son père voulait le protéger : chambre interdite, princesse fatale... Chaque fois, c'est Jean qui répare les dégâts... Finalement sur le bateau qui vogue en haute mer ramenant le fils du roi et sa princesse (non encore épousée) au bercail, Jean qui jouait de la musique sur le pont entend trois corneilles discuter. Il comprend leur langage. Elle racontent les trois catastrophes qui vont arriver pour empêcher le mariage du prince et de la princesse. Et aussi le moyen de les réparer pour celui qui, pour la peine, sera changé en pierre. A l'arrivée, il se produit ce que les corneilles ont prédit. Jean le fidèle veille au grain, empêche l'irréparable à deux reprises malgré l'incompréhension de l'entourage et finalement
On célébra alors le mariage : la danse commença et la mariée entra elle aussi dans la danse, pendant que le fidèle Jean la surveillait et observait son visage. Soudain elle pâlit et tomba à terre comme si elle était morte. D'un bond le fidèle Jean fut auprès d'elle, il la souleva, la porta dans une chambre où il l'allongea et tira trois gouttes de sang de son sein droit, avant de les recracher. La reine se mis alors aussitôt à respirer et revint à elle mais le jeune roi avait tout vu et il ignorait pourquoi le fidèle Jean avait fait cela. Cela le mis en colère et...
Pour lire la suite (et le début) courez vite lire Jean le Fidèle soit dans le 1er tome des Contes (éditions Flammarion, conte n° 6) soit dans la nouvelle traduction (avec notes et commentaires) des Contes pour les enfants et la maison (tome 1, conte 6) chez José Corti.

Le motif du serviteur qui aide son jeune maître à se marier me fait penser à la nuit de noces de Tobie où l'ange Raphaël, qui se fait passer pour le serviteur du jeune homme, délivre la promise de ses démons avant que les nouveaux mariés ne consomment le mariage. Il sauve ainsi Tobie d'une mort certaine et la fille de la malédiction qui la poursuivait. C'est un récit de la Bible qui est construit sur le modèle du conte du mort reconnaissant (type AT de 505 à 508) et où les versions orientales (russes, bulgares, moyen, orientales...) considèrent que le corps de la future mariée a besoin d'être purifié. C'est tout bien raconté dans les Cahiers de littérature orale n° 46 (1999), numéro coordonné par Nicole Belmont.

Ou, peut-être s'agit-il d'un simple abcès du sein ?

lundi 13 juillet 2009

Les gardiens de la prison sont distraits ?

Voici la photo d'un tableau appartenant à Christophe Kortschinski. Il me l'a adressée pour publication. Le tableau lui appartient et n'est pas signé. La photo lui appartient aussi puisqu'il en est l'auteur. Il ne dit pas où il a eu le tableau, ni ses dimensions.C'est un tableau qui ressemble à plein d'autres tableaux à l'huile "connus" représentant la Charité romaine : le personnage masculin, notamment, mais je ne crois pas avoir croisé ce visage de femme (et sa coiffure) dans d'autres charités romaines (Lagrenée mais aussi Greuze, Bachelier, par exemple). Une copie ? Je ne suis pas une experte en peinture du tout...
Outre le cadre très travaillé, on remarque dans le coin à gauche trois hommes qui semblent faire la causette. J'imagine que ce sont les gardiens de la prison. C'est un motif que je n'avais pas encore croisé : des gardiens qui ne regardent pas. Ce qui n'empêche pas la très "chic" jeune femme de sembler inquiète. Qu'en pensez vous ?

mercredi 22 avril 2009

Mystique médiévale

Et voici une trouvaille d'une lectrice du blog : un détail du vitrail de l'apocalypse de St Etienne de Bourges, datant du 13ième siècle"La vierge couronnée présente ses seins gonflés de lait à deux hommes : le sein brun allaite l'homme blanc, le sein blanc allaite l'homme brun. Les bras en croix elle tient dans ses mains deux coffres identiques". Dans la revue Grand Reportage, d'où vient cette image, il est dit que l'on y découvre un spectaculaire symbolisme ésotérique... Ah bon ! Moi j'y vois d'abord de l'humour, de l'érotisme, un plaidoyer pour l'égalité... Cela me rappelle Frida Kahlo et aussi une allégorie médiévale sur la sagesse où celle ci nourrit les sages au sein. Qu'en pensez vous ?
En tout cas, merci Martine.

vendredi 17 avril 2009

Bas relief de Monsieur Cornu (fin du 17ième siècle)

Je continue de donner des extraits de description provenant de l'Académie Royale de Peinture car c'est très instructif sur les intentions des messieurs qui se sont acharnés à représenter cette légende. A vous d'imaginer l'oeuvre !
Extrait du discours sur un BAS-RELIEF DE LA CHARITÉ ROMAINE QUE M. CORNU a donné pour sa réception le 5 juillet 1681.
M. Cornu représente le vieillard assis au pied d'un des piliers de la prison, ayant un bras étendu jusqu'au sommet du pilier, et ce bras y est attaché par un anneau de fer. Ce malheureux prisonnier a les yeux enfoncés, le visage languissant et le corps atténué des rigueurs d'une faim dévorante. On voit dans ses yeux avec quelle impatience il attend sa fille qui lui présente la mamelle. Elle est à genoux sur une petite élévation de pierre, et se penche pour se mettre dans une situation commode pour le vieillard, qui est si foible qu'il ne peut se tenir debout. Sa fille, pour être moins embarrassée, a mis à terre l'enfant qu'elle nourrit, et on remarque aisément que, pour apporter plus de lait au vieillard, elle a laissé fort longtemps cet enfant sans téter, car ce petit nourrisson porte un de ses doigts à sa bouche et le suce avec avidité, comme il arrive à ses semblables quand ils attendent avec impatience la mamelle de leur nourrice. C'est là que paroît la pieuse économie de la fille qui, pour avoir moyen de secourir ces deux objets de son amitié, a épargné sur l'un de quoi nourrir l'autre; de sorte que le sculpteur nous fait voir ici que la prudence est jointe à la piété, pour relever d'avantage l'éclat de l'une et de l'autre vertu.

Un tableau de Boulogne père (17ième siècle)

Extrait d'un discours sur un tableau de La Charité Romaine peint par M. BOULOGNE LE PÈRE et offert à l'Académie Royale de Peinture au 17ième siècle
M. Boulogne fait paraître le vieillard qui a les bras liés derrière le dos pour figurer les rigueurs de sa détention. Son visage est maigre; mais malgré les incommodités de la vieillesse et les misères de la prison, il a les yeux pleins de feu et le sein encore animé pour montrer que les aliments qu'il prend renouvellent sa vigueur, ce qui relève la gloire et le mérite du secours qu'il tire de sa fille. Il s'attache avec avidité à sa mamelle. Une joie tendre et pieuse est répandue sur le visage de cette fille, et l'on voit particulièrement dans ses yeux le contentement qu'elle a de pouvoir remédier aux besoins de son père et de reconnaître ainsi le bienfait de la naissance. Mais le père semble avouer par sa joie qu'ici la reconnaissance surpasse le bienfait ; car, après tout, la fille n'a reçu la vie de son père qu'une seule fois, et elle la lui sauve plusieurs fois chaque jour. Elle tient sur un de ses bras l'enfant qu'elle nourrit, et marque en cet état l'étendue de sa charité ; car, également attachée par les liens du sang au père qui lui a donné le jour et à l'enfant qu'elle a mis au monde, elle remplit dignement ces deux devoirs en un même temps, et se croiroit barbare et impie si elle ne donnoit la plus pure partie de son sang aux pressantes nécessités de deux personnes qui lui sont si chères. Cependant, le peintre fait remarquer sensiblement le chagrin et le dépit de l'enfant, qui étant encore incapable des lumières de la raison, paraît très-mécontent de ce que sa mère donne à d'autres une partie du lait qui a toujours été réservé pour lui seul. Il en est si touché qu'on le voit prêt a pleurer. Ainsi M. Boulogne exprime les effets de l'instinct naturel sur le visage de l'enfant, les effets de la charité parfaite sur le visage de la fille, et les effets de la reconnoissance sur le visage du vieillard.
S'agit-il de ce tableau, que je viens de retrouver dans mes "réserves" et qui est attribué à un certain Boulogne Bon décédé en 1714 ?L'image n'est pas de très bonne qualité, certes... A vous d'imaginer le reste ou de retrouver le tableau effectivement décrit !
Ce Monsieur Boulogne père est peut-être aussi celui décédé en 1674 : Louis de Boullongne.
Vous estes priez d'assister au Convoy, Service et
Enterrement de deffunt Monsieur Boulogne {de Boul-
longne le père), Peintre ordinaire des Batimens du Roy
et Professeur en son Académie Royale, décédé en sa
maison, grande rue du faux bourg Saint Antoine, au-
dessus de l'abbaye; qui se fera le Jeudi, 14 jour de Juin
1674, à dix heures précises du matin, en l'église Sainte
Margueritte, subcurtiale de Saint Paul, sa Paroisse, où
il sera inhumé; auquel lieu les Dames s'y trouveront
s'il leur plait.

Un court métrage de 2008

Il s'appelle, donc, la Charité Romaine et est visible sur le site de son auteur, Cheyenne Carron. Celle ci dit l'avoir conçu après une visite au Louvre où elle a croisé le tableau de Greuze. A mon goût, même si le film est un peu bavard, les lumières et la photo sont belles et c'est une interprétation originale qui fait aussi référence à Chateaubriand, me semble-t-il...http://www.cheyennecarron.com/film3.html

dimanche 8 février 2009

Sans répit nourrir au sein sa belle-mère

C'est un des 24 exemples de piété filiale que l'on cite au Japon

mardi 6 janvier 2009

Nicolas Poussin : Les Israélites recueillant la Manne dans le désert

Sur la gauche de ce tableau de 1637, que l'on peut contempler au Louvre, on distingue une femme allaitant sa mère (ce n'est pas moi qui le dit mais les commentateurs du tableau, dont Diderot), en expliquant à son enfant qu'il faut attendre son tour... Il y a un homme qui admire la scène : la charité soulage la famine... Elle est bien éclairée : on ne peut pas la rater et elle fait pendant à une autre mère, sur la droite qui tient sous son bras son enfant qui se "goinfre" de la manne. Il s'agit, semble-t-il, pour le peintre de captiver le spectateur en le surprenant et non pas simplement en lui décrivant un miracle. D'après les commentateurs de la vidéo : il est fait appel au libre arbitre de celui-ci.
Pour le sens général de l'ensemble du tableau on peut regarder avec profit une vidéo très pédagogique en cliquant sur le lien. On vous y expliquera la logique et les intentions de l'artiste en 15 minutes.

samedi 3 janvier 2009

Les Martes, êtres fantastiques du Centre de la France

Les Martes, espèces de fées, mais très laides et malfaisantes, connues surtout dans la région du Centre, résidaient aussi quelquefois au milieu des blocs et également dans le voisinage de l'eau. Les paysans appellent la Maison aux Martes une sorte de grotte naturelle, dans la commune de Cromac, près de la rivière, dont le plafond est formé par un banc de granit que d'autres blocs ont soutenu en l'air. Les Martes étaient de grandes femmes brunes, aux bras nus ainsi que la poitrine, dont les mamelles descendaient jusqu'aux genoux, leurs cheveux épars tombaient presque jusqu'à terre. Elles inspiraient le plus grand effroi aux paysans qu'elles poursuivaient en criant« Tète, laboureur ! » et en jetant leurs mamelles par-dessus leurs épaules.
Extrait de "Le folklore de France", de Paul Sébillot dont la première édition remonte à 1904-1906. Cromac est un village de Haute Vienne qui fait encore sa "publicité" touristique sur la grotte des Martes (entre autre).

vendredi 2 janvier 2009

Une pensée rafraîchissante

Ces plantes qui vivent aux dépens des arbres puisent le lait de la terre dans la douce quiétude de la nuit, et la terre dans sa rêverie tranquille suce à la poitrine du soleil.
Khalil Gibran, Le jardin du prophète

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